Les choix

Pourquoi devrait-on choisir?

Qui a dit, qu'il fallait choisir? Sommes-nous condamnés? Ne peut-on pas simplement laisser les choses aller naturellement?

Dès l'enfance, des tonnes de choix sont faits pour nous, on nous dirige dans une direction, celle de nos parents, on nous conditionne, quant à notre nourriture, nos vêtements, nos choix de lecture, de musique, de genre, d'"inclinaison" comme disent les anglosaxons. Plus tard, on devra choisir une voie, on devra aller dans une direction plutôt qu'une autre, tous nos choix détermineront notre trajectoire....on devra aussi choisir notre case: le rock? le métal?la pop? les filles?les garçons? les intellos?le fond de la classe?

Je suis navrée. Je m'en excuse. Je ne choisirai pas. Je suis convaincue que les choses ne sont pas manichéennes. Pas noires ou blanches, choisir c'est renoncer oui, justement. Je ne veux renoncer à rien du tout. Et ne dites pas que ce n'est pas possible. Cessez immédiatement de le penser. On ne DOIT rien. Sauf peut-être considérer que la vie est une aubaine, qu'elle est unique et éphémère et donc, au nom de quoi devrait-on sans cesse vivre écartelé? 

Ma propre existence est un immense patchwork, résume à elle seule ma pensée: je ne renonce pas, je suis une funambule, je veux tout, être partout, tout le temps, insatiable, curieuse de tout, impatiente, gourmande. On a utilisé des mots complètement cons pour me décrire, parmi lesquels mes préférés: instable et atypique. Mais non! Pas du tout! C'est tout l'inverse!

Pourquoi choisir de ressembler aux autres? Pourquoi devoir se plier à l'avis général? Pourquoi ressembler aux autres quand être soi est une aventure hors du commun? Pourquoi choisir d'être en couple, quand il s'agit simplement d'aimer? Aimer, évoluer dans cette sensation exceptionnelle, offerte par la vie de rencontrer des gens uniques, peu importe où mènera cette bulle, qu'est-ce qu'on en a à faire d'être étiqueté? 

Choisir UN métier? Pourquoi? Pourquoi pas plusieurs? C'est la vie qui est unique, pas ce qu'on en fait! Nous n'avons aucune obligation, aucune contrainte, aucune limite, sauf celles que l'on décide de se fixer.

Parfois, chez moi, je me dis "tiens j'ai envie de me mettre en short" et je me dis "pourquoi pas?" réponse de mon cortex gauche: "ça ne se fait pas." Ah? Comme manger de la glace en hiver, refuser une proposition de job ou bloquer le mécanisme de mon coeur pour éviter de souffrir? Merde!

Voilà, à deux ans de mes 40 ans, je déclare que non, je ne veux plus du tout être dans une case. Je veux être libre, d'aimer, de décider, de ne pas décider, de mettre un short chez moi, de lire tel livre en entier ou pas, de voir tel film et de quitter la salle si ça me chante, tant que je ne fais de mal à personne après tout en quoi mes choix ont-ils de l'incidence sur les autres?

J'ai pris conscience de cette réalité en discutant hier avec une de mes amies chères. On parlait d'orientation du coeur. On ne choisit pas de qui on tombe amoureux. On ne choisit ni le moment, ni le lieu, ni si ce sera un homme ou une femme, l'amour naît d'un rien, d'une étincelle, d'une coïncidence, d'une alchimie. On ne peut pas décider de ne pas aimer, on ne peut rien contre ça. Des femmes m'ont déjà avoué leur flamme, et en fait je ne me suis pas dit "non, je ne suis pas intéressée par les femmes, je ne suis pas concernée par ses sentiments "sexuels"." Non... en fait je ne partageais pas leurs sentiments. Je ne ressentais pas ça pour elles. Mon attirance pour les hommes est naturelle, je ne réfléchis pas, mais si demain, un être exceptionnel traversait mon existence et qu'il s'agissait d'une femme, je n'ai pas la moindre idée de ce qui pourrait se passer, le cas ne s'est vraiment jamais présenté. Et ne cherchez pas de signification cachée dans ce que vous venez de lire. Je ne suis pas en train de vous déclarer un coming-out, ni amoureux ni de quelque sorte que ce soit. Je constate. Je vis, et je suis en pleine conscience. Je ne pense pas qu'on tombe amoureux d'un genre, je pense qu'on tombe amoureux d'une âme. D'un coeur, d'une sensibilité, d'une vérité, d'une beauté singulière que nul ne peut expliquer, même pas nous, on le sait, c'est tout. Partagé ou pas d'ailleurs. Combien de fois suis-je tombée amoureuse sans aucune réciprocité? J'ai aimé, j'ai pleuré, mais au moins j'étais vivante.

Et c'est valable pour tout. C'est valable pour le travail, pour le lieu où je vis, pour les gens que je rencontre, pour les projets que je mène. J'ai besoin d'aimer ce que je fais. Et de moins en moins je suis apte à tolérer de faire des choses contre mon gré. Vous aussi, vous dites-vous sans doute en me lisant. Pourtant on le fait encore, trop souvent. On fait telle chose pour faire plaisir, même si ça ne nous plaît pas à nous, on réagit ou pas, pour ne pas embêter le monde, on reste immobile pour arranger les autres. Une seule vie. Une seule et on n'en connaît pas la fin. On sait juste qu'un jour, il sera trop tard pour agir, comme on aurait voulu le faire.

J'ai expérimenté les histoires impossibles, les amitiés compliquées, les amours sans retour, les métiers qui font souffrir, les contresens, les non-sens, je suis allée jusqu'à là où je n'avais plus pied, je suis revenue sur mes pas, j'ai échoué sur la rive. Mais je suis là. 

Et c'est forte de toutes ces expériences, qu'hier, un peu plus seule dans les faits que je ne l'avais finalement imaginé, j'ai fêté mes 38 ans.

Virtuellement très entourée, j'ai reçu de nombreuses vibrations affectives du monde entier. Et les choses se sont déroulées. Vers 20h j'avais envie de sauter dans ma voiture pour partir à Milan. Seule. Et je ne l'ai pas fait. Pour mille raisons. Sans doute plus valables les unes que les autres, mais une seule m'a ébranlée: ce n'était pas raisonnable. 

Je l'ai trop été. Je le serais encore sans doute, pour vivre en société c'est nécessaire.

Mais je ne le serais plus TROP, je ferais ma part de "raisonnabilité"mais je veux vivre. C'est ça que je veux. Pas faire semblant, pas m'adapter, pas à moitié, pas à un quart. 

C'est terminé. J'ai décidé ça hier.

On va péter la baraque, maintenant, la roue, c'est moi qui vais la faire tourner, et fini la tiédeur.

On va éclater au grand jour les amis, la joie doit rayonner!

Et ça commence maintenant, je vais souffler des bougies, avec ou sans public, j'ai quand même une bouteille de champagne au frais :) C'est le premier jour, du reste de ma vie. Vous venez?


Je vous embrasse!

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