Vivants.

Un matin de janvier, je préparais mon petit-déjeuner en écoutant d'une oreille distraite l'émission d'Augustin Trapenard sur France Inter. Et j'ai été intriguée par l'histoire de son interlocuteur. J'ai arrêté tout ce que j'étais en train de faire. Et j'ai laissé ses mots rentrer dans mon cœur, littéralement, je l'écoutais raconter son épreuve, ses 150 transfusions, sa bataille dans une chambre stérile pour rester en vie, sa vie entre parenthèses pendant tout ce temps et son retour du monde des vampires. Mathias Malzieu, Dionysos. Oui bien sûr que je connaissais "quand j'étais petit j'étais un Jedi" mais je n'avais pas tout suivi. Bien sûr j'avais vu passer la mécanique du coeur, mais de loin. Et là, j'ai été frappée de plein fouet par son humanité, sa voix et son courage d'avoir voulu rester dans ce monde, 

Cette matinée-là, j'ai eu l'impression de le connaître. Je ne peux pas l'expliquer. Nous étions donc en janvier 2016. J'en ai parlé à mes meilleures amies, mais j'avais tellement du mal à comprendre les émotions que je ne l'ai pas partagé avec plus de monde. La gorge nouée, je ne pouvais pas raconter cette histoire sans avoir les larmes aux yeux.

En février, pour mon anniversaire, sans concertation, un de mes trés chers amis m'a offert "le journal d'un vampire en pyjama", le dernier livre de Mathias Malzieu, celui où il racontait toute son "aventure entre les deux mondes". La dédicace faisait une référence à la chanson du Jedi "pour une fille en forme de fée". J'étais bouleversée par cette synchronicité.

Quand j'ai plongé dans le livre, j'ai pleuré, j'ai suffoqué parfois, j'ai découvert son univers et sa souffrance en même temps. Alors là j'ai commencé à tout acheter, et tout lire. Et j'ai écouté les albums correspondants. Une révélation, un univers complètement parallèle. Amoureuse de Mathieu Chedid et admiratrice de Yodelice, me voilà repartie à la découverte d'un nouveau personnage à chapeau, d'une nouvelle sensation musicale, un univers. Un choc.

Et j'ai évidemment voulu chercher plus loin. Je voulais le voir, en vrai, bouger sur scène, sauter dans le public, jouer de la guitare et de l'harmonica pour faire vibrer ses os, voir son nouveau sang bouillir dans ses veines. Mais en mars-avril pas de concert de prévu dans ma région. Je l'ai trouvé sur instagram et sur twitter. J'ai fait un truc de fan de 16 ans, j'ai envoyé un mail pour dire merci. Mais parmi tous les mails, qui m'aurait aperçue?

Qu'à cela ne tienne, j'ai continué à suivre ses photos, sa tournée, je prenais juste des nouvelles, comme d'un ami pour lequel on s'inquiète, c'est drôle parfois la vie. Comment on peut s'inquiéter pour quelqu'un qu'on ne connaissait pas trois mois avant.

Hier soir, c'était le grand jour. J'ai ri, j'ai dansé, j'ai pleuré, j'ai vibré et puis ....il était là, à trois centimètres de moi.Puisqu'au Colisée de Roubaix, les places sont assises et qu'il n'était pas possible de vivre cette rencontre vissée à mon siège, avec mon amie Annie nous étions devant, au balcon. Et il a décidé de "voler"pendant la chanson du plus mauvais cascadeur du monde.....Voler jusqu'à moi les amis:

Quelle surprise!!!!! On a tous eu un peu peur qu'il saute vraiment du balcon. Mais finalement il est redescendu sans s'envoler. 
Il m'a fallu un peu de temps pour revenir sur terre et même pas sûre d'y être encore redescendue.
Quand les premières notes  Leonard Cohen ont retenti et que Heroes de David Bowie a résonné, je ne touchais plus le sol.

Mais finalement le moment le plus émouvant que j'aie vécu hier soir, c'est  quand Dionysos est né deux fois, intimiste assis sur le bord de la scène avec tout le groupe, et d'un petit bout'd'chou juste à côté d'eux. Les enfants assis avec leurs parents à côté de nous, toujours debout au balcon, connaissaient les chansons par coeur, et moi je pleurais de réaliser ce qu'il avait traversé pour arriver là, devant nous, sur scène, bien vivant.

Ce n'est pas qu'un concert, ce n'est pas qu'un artiste, c'est un héros quotidien, un homme fait de chair et de nouveau sang. Bienveillant, généreux, c'est un "presque" ami. Je ne le connais pas, et pourtant on dirait qu'au contraire on se connaît depuis longtemps.

Je tenais à vous faire partager cette "expérience". On a tous des hauts et des bas, on vit sans doute dans une vie des expériences difficiles et traumatisantes, on se retrouve face à soi-même un jour ou l'autre, et il faut choisir. Vivre ou laisser tomber ses forces. Mathias Malzieu avait de toute évidence encore des tas de choses à écrire et à vivre, une expérience à partager, un enseignement à nous apporter sans jouer les professeurs: la vie dure autant que nous le voulons. Parfois, comme le disait Dominique Herlin, des gens sont morts et ne le savent pas. Un vampire peut revenir de la mort, un enfant qu'on pensait décédé est revenu à la vie cette semaine, l'avez vous entendu? Un homme est "mort" pendant 20 minutes avant de revenir à lui. Voilà, la vie, c'est notre bien le plus précieux, ce qu'on en fait, les limites qu'on y met,  cela ne dépend que de nous.

Et l'empathie....je suis ce que ma psy appelle une "hyper empathique". Du coup c'est vrai, je ressens trés fort les vraies émotions. Bon du coup je peux avoir mal au coeur pour quelqu'un que je connais à peine, ou même que je ne connais pas du tout. Ce n'est pas grave et rien n'est au contraire plus beau pour moi. C'est magique c'est comme un super pouvoir. Si, quand je ne suis pas émue, c'est qu'il y a un truc. Pratique.

En attendant, l'histoire de Mathias, dont j'avais déjà parlé au moment où je l'ai lue, c'est une histoire d'amitié, le groupe est toujours là, une histoire de vie,  il est revenu de la mort, il a décidé de se battre, une histoire d'amour, son coeur s'est remis à battre pour la vie. Et une histoire d'artiste; il a créé à partir de sa souffrance, de nouveaux tableaux musicaux et de nouvelles chansons, mises en scène, personnages. 

Fidèle à moi-même, je suis enthousiaste. Mais là on est passé à la phase supérieure: aimer un artiste et adhérer à sa musique est une histoire de goût et de sensibilité. Aller à la rencontre d'un homme plus vivant que vivant sincèrement c'est inédit. 

Et c'est ça que j'aime chez les gens, qu'ils passent de l'ombre à la lumière, d'une vie éteinte mais dont il reste des braises sur lesquelles souffler pour faire revenir la vie.

C'est ce qui m'anime. Et c'est pour ça que j'écris, que je vis, que j'agis. Parce que j'étais un zombie, vide à l'intérieur, toutes mes couleurs cachées sous un voile sombre de convenances et de douleurs inavouées. En revenant à la vie sociale, à ce moi que j'avais perdu, j'ai retrouvé le goût de vivre et d'aider les autres à lever le leur.

C'est ça qui me lie à Mathias Malzieu, en vrai.

Et pour vous faire un petit cadeau ce matin, pour faire rejaillir sur vous la gratitude que j'ai ressenti hier soir, je vous offre ....la vidéo du concert de Dionysos par Alcaline. 

Je vous embrasse fort. Soyons heureux d'être en vie en cette journée du Bonheur!




Commentaires

Unknown a dit…
Oh ouiiii !!!!
Vivants et vivants pour 2 au minimum !
Love !!!!

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