Cry me a river


La plupart du temps, c'est la tristesse qui fait couler les larmes.

Les moments de douleur et ceux d'abattement, les moments difficiles que l'on doit inexorablement traverser, ceux auxquels nous serons toujours et tous confrontés au cours de la vie.

Mais cette expression de notre corps recouvre d'autres situations.

Pleurer quand nous sommes émus, d'un compliment, d'une marque d'affection, ce que l'on appelle aussi pleurer de joie.

Quand nous sommes heureux parfois nous sentons notre gorge se serrer alors même que nous pensions que cet écoulement oculaire n'était réservé qu'à la douleur.

Il y a à l'inverse des gens qui ne pleurent jamais quand ils ont mal.

Solides comme des rocs, on les pense insensibles....mais c'est souvent l'inverse.

Ils se retiennent, par pudeur sans doute, montrer leurs sentiments leur semble bien trop personnel.

Et puis....il y a cette émotion incompréhensible, celle qui s'attaque à nous devant un film ou une série, à l'écoute d'une chanson, un de ces morceaux improbables enfouis dans notre passé de jeunes gens, ces situations télévisuelles absurdes qui recouvertes d'une chanson des Snow Patrol nous rend plus coulants qu'un coeur fondant au chocolat.

Ce que Gad Elmaleh décrit si bien dans son spectacle "l'autre c'est moi", "dans un film américain, un gosse se brosse les dents, avec la musique, tu arrives à chialer".

Exact.

Je fais donc partie de la grande famille secrète des hyper-sensibles.

Ceux qui sentent leur gorge se serrer quand quelqu'un pleure au restaurant, ceux qui sont touchés par un regard, ceux qui ont les larmes aux yeux quand ils sentent leur interlocuteur sincère.

Je suis de ces gens qui pleurent devant une vidéo de chatons et rient devant des quadruplés de 6 mois qui ont un fou rire, qui fondent devant une demande en mariage en musique, rien que parce que tous les amis ont joué le jeu, qui pleurent à la simple évocation d'un compliment en public.

 "je pleure comme je ris, si maman si, maman si tu voyais ma vie...." dit France Gall dans sa chanson.

Mais c'est bien là le coeur de cet article.

Pleurer lorsque l'on est à bouts de forces, que l'on est fatigué, las, débordé, qu'on ne sait plus vers qui se tourner, que l'on n'a plus de ressources suffisantes, de recul, pour affronter une situation qu'avec sang froid on saurait gérer, cela arrive à tout le monde et nous ne devrions pas avoir besoin de nous en excuser.

Pleurer ça fait du bien.

Toute notre frustration, notre difficulté, notre souffrance, tout sort dans des rivières de larmes.

Et cette expression est naturelle, les larmes de la mariée à l'église, l'émotion d'une mère à la découverte de son enfant, pleurer n'est pas anormal et chacun devrait savoir qu'il est naturel, sain même de nettoyer son âme par ce moyen.

Je n'ai pas cité Amel Bent, la chanson peut paraître un peu niaise mais finalement "ne retiens pas tes larmes" est un texte simple, efficace, qui dit tout assez clairement.

La seule chose qui importe c'est de calmer ce chagrin, il faut se débarrasser de toutes ces larmes, de tout ce flux, de toute cette émotion qui fait déborder nos coeurs par nos yeux, pour faire la paix avec nous-mêmes, et faire de la place pour de nouvelles émotions.

Ne pleurons pas sur nous-mêmes, il y a toujours du soleil après la pluie, et je vous dirais même mieux, pour avoir eu la chance d'avoir voyagé en avion, au-dessus des nuages, le ciel est bleu.

Les larmes sont nécessaires, mais un jour ou l'autre elles cesseront de couler, pour autre chose que pour des moments de joie.

Ce qui est rassurant en fin de comptes, c'est que ces petites gouttes de pluie salées qui roulent sur nos joues sont l'expression de nos sentiments, ce qui prouvent que nous avons un coeur....même ceux dont les larmes ne se voient pas....

Je vous embrasse et retourne purger mes pupilles devant un bon film de nanas.

Rien de tel pour faire de la place avant la semaine qui commence.

Je vous embrasse.



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