Cross Over the Bridge

Il vous est sans doute déjà arrivé, le dimanche soir, ou pire, quelques jours avant, d'appréhender la semaine qui arrive en vous demandant comment vous allez y survivre, cherchant des éventualités pour éviter de vivre toutes ces choses qui vous attendent, allant même jusqu'à envisager l'hibernation.

Dans ma vie professionnelle précédente, ce moment fatidique m'arrivait fréquemment, quand je visualisais mon agenda, trois audiences à trois endroits du département le lundi, quatre dossiers le même jour à la même heure le mardi, six rendez vous le mercredi, trois audiences et une permanence bulletins le jeudi, et terminer sur une belle permanence pénale le vendredi puis deux groupes de td le samedi matin.

Oui, ça m'arrivait presque chaque semaine, d'avoir l'impression d'être au pied d'une montagne que je devais gravir sans regarder en bas, ou passer au-dessus d'un pont sans reprendre ma respiration mais en courant le plus possible ou surfer au-dessus d'une vague de 10 mètres enfin vous avez compris l'idée....

Et finalement, à la fin de la semaine, j'étais assez contente: en vie donc (ce qui est plutôt une bonne nouvelle vu que j'avais toujours envie de mourir avant lesdites semaines)  et plutôt satisfaite du résultat.

Chacun d'entre nous a parfois l'impression de se laisser submerger, emporté par un tsunami d'obligations et de choses agréables ou non à faire, mais qu'il faut faire, et qui dés lors doivent quoi qu'il arrive être surmontées.

Un déménagement à organiser tout en travaillant 40 heures par semaine peut s'avérer bien plus facile sur le moment que durant sa préparation, et on ne peut qu'être fier de soi quand on a réussi.

La semaine dernière, entre les concours de l'enseignement et les td, je vous avoue que le dimanche soir je n'en menais pas large.

Comment allais-je pouvoir concilier 6 heures d'épreuve chaque jour en moyenne avec les cours que je donnais (pour la dernière semaine! imaginez la dose d'émotion!) à la fac, 12 heures dans la semaine?

Résumons pour les maths sup maths spé qui lisent ce blog: j'ai eu plus d'heures de concours que d'heures de cours la semaine dernière, 22 heures de concentration intense en lettres modernes et en italien et 12 heures de concentration en droit pénal spécial, plus la vie qui continue, une conférence d'éloquence le jeudi soir, et une recherche d'emploi.

J'étais vannée d'avance.

Mais en sortant des épreuves de lettres modernes, mardi et mercredi, j'ai réalisé ce que j'avais réussi à faire, et j'étais fière de moi.

En sortant jeudi et vendredi, aprés les épreuves d'italien, j'ai certes dormi trois heures d'affilée, mais j'étais encore debout, suffisamment pour assurer un déménagement le samedi suivant.

Le corps humain est résistant, c'est le mental qui parfois ne suit pas.

Avoir peur est humain, normal, logique, et j'avoue avoir plus peur du lendemain d'aujourd'hui (oui demain donc, merci de suivre) puisqu'il est vide....et ça c'est angoissant.

Passer d'une vie trépidante, sans cesse en action, sans cesse sollicitée, toujours au téléphone, toujours sur les mails et les courriers, les audiences et les rendez vous aux préparations de cours, corrections de copies et autres oraux, puis les concours et les derniers td, tout ça en transports en commun, plus les recherches de boulot à ....Rien. 

Bein ça fait peur mes amis.

Alors bien sûr, les dédicaces, le mémoire, les recherches d'emploi, le quotidien à gérer, bien sûr que j'aurais des choses à faire.

Mais ce changement de rythme n'est pas si simple que ça à supporter.

Quelqu'un qui est toujours par monts et par vaux, soudainement confronté au vide....peut avoir une sensation de vertige.

Oui, c'est un choix.

Non, personne n'a dit que ce serait facile.

Mais il n'est pas interdit d'exprimer un ressenti face à un changement radical de vie, ou de constater - et donc sans se plaindre- qu'il faudra du temps pour s'accoutumer à ce changement soudain.

Quand le rythme est soutenu, on ne réalise pas ou plus ce qui se passe autour de nous, on rate des anniversaires, des moments importants, à cause du travail, des réunions, des audiences......

Quand le rythme se relâche, on est soudain là tout le temps.

On planifie, on étale les choses, on se précipite moins.

La sensation d'être enfermé dans un étau est si grande chez l'homme moderne, qu'elle peut faire peur, soit avant d'attaquer une semaine de séminaire à 500 km de chez soi où on va devoir parler en public alors qu'on est timide, ou face à des échéances financières, quotidiennes, qui nous empêchent de voir l'avenir sereinement.

Demain, il me faudra reconstruire, heure par heure, un nouvel emploi du temps.

Mon agenda, mes obligations, les choses à résoudre et les choses à réaliser seront les éléments fondateurs de ma vie, afin d'améliorer ma condition actuelle.

Mais même si parfois j'ai pleuré, ces jours-ci, même si j'ai senti ma gorge se nouer, j'ai réalisé en me retournant que j'avais surmonté la vague, la montagne et le pont, toute seule souvent, avec des soutiens aussi, mais que dans tous les cas, rien n'était insurmontable.

Comme le disait Sénèque, ce n'est pas parce que c'est impossible qu'on n'ose pas, c'est parce qu'on n'ose pas que c'est impossible.

Croyez en vous, à la fin de votre épreuve, quelle qu'elle soit, vous pourrez être fier, vous saurez qui vous êtes au fond.

Je vous embrasse.


Pour me souvenir que je suis montée en voiture et que j'ai traversé un jour le Pont de Normandie....
et que j'avais SUPER PEUR mais que je l'ai fait quand même, comme quoi......


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