Mais pas comme avant...

On ne sait jamais vraiment comment faire, quoi dire ni comment même oser parler de ce qu'il y a après la vie, on ne sait pas si l'on doit se taire ou si l'on peut parler.

Cela fait maintenant trois mois et quelques jours qu'Elle est partie et pourtant personne ne veut encore y croire.

On se réveille chaque matin dans des millions de maisons en France, on continue à aller travailler, à rire même, à aller au cinéma, à manger, à dormir et à faire l'amour, à s'embrasser, à lire et à se plaindre.

Tous...mais un petit groupe d'irréductibles résiste encore et toujours à l'idée même de ne plus jamais la revoir.

Elle fait partie de nos vies, de nos conversations, de nos pensées quotidiennes, et j'avoue à titre personnel qu'il m'arrive de penser à elle ou de parler d'elle plusieurs fois par jour.

On interprète tout comme des signaux de là-haut, on rit pour elle, on trinque à sa santé, et on se dit qu'un jour on se reverra.

Oui, chez les autres, le temps passe et tout va trés vite, vous savez bien, la tristesse n'est pas à la mode.

Mais chez nous, c'est toujours là, au niveau du plexus solaire, on avance mais on n'oublie rien, on marche et on fait des projets, mais Elle en fait partie, on compte sur Elle pour veiller sur nous, elle a presque plus de boulot maintenant qu'avant, et on lui parle, on danse et on chante pour Elle.

Ma Biche est donc toujours là.

"Evidemment, comme le dit la chanson, on chante encore sur des accords qu'on aimait tant, évidemment, on rit encore pour des bêtises, comme des enfants, mais plus comme avant."

Rien ne sera jamais comme avant.

On regarde des photos, parfois on passe devant ou on tombe dessus et on s'arrête, on entend une chanson à la radio et on se dit que c'est Elle qui nous l'envoie, on en parle entre nous même si parfois on n'ose pas, de peur de sentir les larmes monter et de faire pleurer tout le monde, parce qu' Elle voulait qu'on ne soit pas malheureux trop longtemps.

Comment est-on sensé réagir quand on perd une amie, une personne qu'on aime et dont l'absence nous préoccupe, comment doit-on se comporter au quotidien?Quand a-t-on le droit de prononcer son nom, de reparler d'Elle normalement?

Personne ne nous apprend ce genre de choses, personne ne nous guide, personne ne nous répond.

Parce que face à l'absence, on est seul, pour gérer notre propre souffrance, notre propre manque, notre propre douleur.

Bien sûr ça s'estompe, évidemment, bien sûr on ne va pas passer notre vie à se morfondre puisque nous avons la chance d'être vivants, et que pour cette unique raison, il nous faut reprendre notre souffle et avancer, voir la vie du bon côté, sourire, cesser de ronchonner parce que rien n'est grave.

Mais il fallait bien qu'on en parle.

On allait pas faire comme si, ça ne nous ressemble pas.

Un jour, il fallait bien que quelqu'un se pose la question, de comment on gère tout ça?

J'vois des pubs à la télé et j'entends des sketches, j'écoute des chansons et je vais dans des musées d'art moderne où je n'y comprends rien, et ça me fait rire, parce que je pense à ma biche.

Mais à qui puis-je parler de tout ça? Je ne veux pas ennuyer les autres, tout le monde n'est pas forcément prêt ni n'a forcément envie de parler de mes états d'âme et de mes souvenirs.

Alors j'espère qu'elle est en paix, bien entourée, qu'elle a pu voir Michael et qu'il a pu chanter en live "do you remember the time" et qu'elle a pu faire un boeuf avec Aretha.

Y a pas de mots qui apaisent, pas de mots pour panser nos blessures, rien qui puisse remplacer le vide, à part nos souvenirs, il faut garder du courage, faire en sorte de ne garder que l'essentiel des jours que nous vivons, ne pas cèder aux morsures du quotidien, respirer tant qu'on peut le faire.

On me dira que c'est facile à dire, il faut s'entraîner à le faire, pour aller de l'avant et profiter de cette vie qu'on nous a offerte, pour prolonger les idées de ceux que nous aimerions serrer une fois de plus dans nos bras.

Ce post n'est pas triste. Il est chargé d'espoir, je ne suis pas la seule à avoir traversé une épreuve, mais je ne suis pas la dernière et nous sommes de passage ici, tout est éphémère, alors il faut en profiter.

Je pense à chacun et chacune de vous, jeune ou âgé, qui avez perdu comme moi quelqu'un d'important et d'indispensable à chacune de vos respirations et des battements de vos coeurs.

Aucune légèreté ne nous est concédée, aucune échappatoire, on a toujours l'impression de déranger, quand on veut parler de quelqu'un qui est parti, on a toujours peur de passer pour un fou, on va même jusqu'à inquiéter les gens autour de nous.

A Milan, un oiseau s'est posé sur ma table. Il y en avait beaucoup d'autres, ils allaient et venaient sur les terrasses et se posaient facilement sur les chaises et les tables alentours.

Quand il s'est posé prés de moi, j'ai envie de croire, si ça me chante, que c'est mon amie qui est venue me rendre visite, comme le coeur de soleil du 30 mars dernier.

C'est une façon comme une autre d'aller de l'avant, mais si parfois c'est difficile et triste, le reste du temps penser aux gens qu'on aime....c'est se sentir vivant.

Même si ce n'est pas comme avant....

Je vous embrasse.


Commentaires

Lili a dit…
Chez moi on croit, qu'on ne meurt pas, mais on renait. Alors on est jamais triste. Quand une personne meurt, on fait la fête, on danse, on boit, on mange pendant une semaine, ensuite on fait la mise à terre du cerceuil toujours dans la joie et sous les tambours... Pour vous dire que c'est une question de culture et de façn de voir. Votre amie est là avec vous tous les jours. Elle aimerait vous voir heureuse mais pas entrain de vous morfondre. Pensez à cela : la mort est une nouvelle naissance
Y a d'la joie! a dit…
Merci Lili.
Je n'avais nullement l'intention de me morfondre, mais bien d'être la plus heureuse et optimiste possible.
Simplement, l'absence, qui est encore très présente trois mois après sa disparition, et c'est ce que je voulais dire à travers ce post.
me morfondre, ne la fera jamais revenir, je sais qu'elle est en paix, qu'elle vit à travers nous, vous avez raison sur bien des points, c'est aussi une renaissance pour nous, un électrochoc, qui nous a tous obligés à nous remettre en question....

Merci en tous les cas d'être venue lire mon article et à bientôt :)

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