Piédestal

Vous voyez un peu de quoi je parle?

Cette construction en marbre la plupart du temps, sur laquelle on hissait les statues.

Et sa version virtuelle, sur laquelle certaines personnes nous placent, et bien souvent s'auto placent dans notre vision des choses, un peu obstruée, par l'amour, l'admiration, la crainte ou les fausses idées.

Je ne suis pas experte en matière de statues, mais néanmoins un peu plus au fait des comportements humains, enfin des humains qui m'entourent.

J'ai rencontré plus d'une fois des gens qui pouvaient correspondre à l'image de perfection recherchée par les sculpteurs, Rodin et ses copains étant des esthètes de renom, ils savaient mieux que personne personnifier la grâce, la beauté, la force.

Et plus d'une fois, la chute virtuelle de ces gens, de leur piédestal virtuel a été rude.

Pêché d'orgueil? Assurance exacerbée? Impression que rien ne peut les toucher car ils sont bénis, entourés d'une sorte d'aura magique qui les prémunit de tout?

Sans doute.

Se hisser si haut soi même c'est trés dangereux, vous comprendrez aisément qu'en bonne cascadeuse, je préfère de loin rester les pieds accrochés au sol.

D'autant que les rares fois où je me suis retrouvée par pure folie un peu en hauteur, les chutes ont été si mémorables que je m'étonne parfois que youtube ne m'ait pas racheté les droits.

Bref.

Qu'entends-je par "pêché d'orgueil"?

Je dois bien l'avouer j'ai moi même parfois cru, excessivement confiante ou alors absolument peu réaliste, que je me caserai bien avant mes copines célibataires endurcies qui restaient chez leurs parents, sans aucune volonté de se mettre en valeur ou de rencontrer l'âme soeur.

Et je dois le reconnaître, j'ai été bien surprise de me retrouver la dernière à ne pas me caser, recevant des faire part de naissance de ces copines là justement, qui convolaient en justes noces ou rencontraient la cigogne pendant que j'en étais encore à écrire des chroniques pour me réconforter.

Je dois vous le dire, vous vous en doutez, ça calme.

Et quand je dis qu'il faut redescendre d'un étage à l'intérieur de soi même c'est de ça dont je parle.

Redescendons de nos petites marches virtuelles, sur lesquelles nous nous plaçons en nous comparant-même si c'est humain- à nos congénères.

Rien n'est acquis dans la vie.

Et des chutes de piédestal j'en ai vu d'autres.

Ces filles du collège, qui étaient les canons, les chefs de bande, les filles dont tous les garçons rêvaient, sont aujourd'hui, tristes, comme Cendrillon qui déchante en voyant son Prince Charmant foutre le camp avec la Belle au Bois Dormant.

Ces bombasses atomiques qui mangeaient de la junk food à 20 ans et qui sont défigurées aujourd'hui par tout ce qu'elles ont malheureusement ingurgité, non seulement alimentaire mais aussi et surtout, liquide et narcotique.

Et cette catégorie de femmes, qui regardent le monde de leur port altier, que rien ne semble perturber, qui pensent que leur condition est d'être une princesse et de vivre comme telle, que rien ne peut atteindre, la perfection au féminin, comme dirait Gilette.(oui les fabricants de rasoir cqfd)

Que penser de ces femmes, qui se croient à l'abri de toute difficulté, pour qui tout roule, pour qui tout va pour le mieux, et qui inscrivent cette certitude dans leur iris, à tel point qu'un seul regard suffit à les reconnaître?

Que penser d'elles quand on gratte le vernis polis de leur beauté divine, quand on s'aperçoit de ce qu'il y a derrière, de ce que cachent ces statues parfaites et immaculées, dont jamais on aurait imaginé un seul instant qu'elles puissent déceler de telles souffrances, tristesse, noirceur?

La déception. Des fois, l'impression d'avoir été trahi. Au pire, la tristesse et la désolation mais là c'est vraiment au pire du pire.

Et je me souviens d'une d'entre elles, qui nous a beaucoup marqués tous l'an dernier.

Cette saleté d'année 2011 qui a vu mourir beaucoup de nos rêves et de nos ambitions.

Qui a fait voler en éclats toutes les certitudes d'un de mes amis déjà en fin d'année 2010 et puis l'a achevé en début d'année dernière.

Même si aujourd'hui, avec du recul, les enseignements ont été tirés et qu'il sait qu'il l'a juste échappé belle, force est de constater que sur le coup, ça pique.

Et comme dirait ma meilleure amie, c'est filou la vie.

Plus le piédestal est haut, plus la chute est douloureuse.

Mais tout cela est de notre responsabilité. 

Pourquoi mettons nous ces gens sur un niveau plus élevé que le notre?

Pourquoi ne les voyons nous pas tels qu'ils sont? Des humains donc, avec faiblesses, petits désordres affectifs, réalités et défauts? Et bien entendu multitude de qualités?

J'ignore pourquoi nous faisons cela.

Pour nous rassurer sans doute, car cela est bien rassurant d'avoir finalement une référence, on idéalise souvent ses parents, on idéalise bien sûr nos amis, nos enfants, nos amoureux/ses.

Mais on le fait par manque de confiance en nous mêmes ou par réelle croyance de ce que les autres sont meilleurs que nous?

Les gens que nous hissons si haut, sont peut être sujets au vertige, et tombent quand ils comprennent qu'ils sont placés à plusieurs mètres de hauteur sans échelle pour redescendre.

J'ai ce tort là.

Je le sais.

Et à chaque fois je me dis que je ne le referai plus et à chaque fois je recommence.

"On s'illusionne, on s'emprisonne" disait la chanson.

Oui, voilà.

Et quand notre idole tombe de son perchoir doré, une partie de nous tombe aussi, parce qu'on fabrique des idoles pour se rassurer, comme on s'accroche à son doudou jusqu'à l'âge de quatre ans.

Quand le doudou ne tient plus qu'à un fil, on le jette, en se disant qu'on est grand maintenant, et on se demande comment on a pu en arriver à l'adoration d'une simple serviette éponge sans couleur.

Et bien c'est la même chose finalement pour les idoles, les vestales, les gens qu'on adule sans finalement savoir pourquoi, comme quand on retrouve chez nous des posters des chanteurs ringards des années 90 (Christophe Ripert? Allan Théo?je continue ou c'est bon?) en se demandant comment on a pu s'arracher les cheveux et pleurer à sang pour eux.

Comme dirait OSS, alias Lucien Bonisseur de la Batte, "il s'agirait de grandir, il s'agirait de grandir".

Allez, bonne journée les ptis chats et faites attention à la marche en sortant.

Commentaires

LOLO a dit…
Excellent mais comme chanteur ringard "Allan Théo" Mimi va être dessu de l'apprendre !!!! ;) mdr

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