Apprivoiser.

J'étais trés très trés très amoureuse de lui.

Bon j'avais une bonne excuse, j'étais encore jeune quand je l'ai vu la première fois, et lui aussi, et puis seconde bonne excuse, il était sublime.

L'anomalie est plutôt dans la durée de cet"amourachement", dix ans. 

Et avec du recul, j'ai compris à quel point je m'étais fourvoyée, trompée, illusionnée, pour la simple et bonne raison que dés le départ, avec lui j'ai du l"apprivoiser.

Mais pas comme on le fait sans doute toujours, au début d'une relation.

Il était sauvage.

J'ai longtemps trouvé des moyens pour lui plaire mais pas dans le but de le séduire, juste pour le mettre à l'aise, pour qu'il se sente en confiance, pour qu'il n'ait pas peur.

J'ai tellement passé de temps à faire ça, à distance puisque nous habitions dans deux pays certes voisins, mais nos maisons étaient éloignées de plus de 3000 km, que j'ai occulté, inconsciemment ou consciemment, qui sait, le fait qu'il ne m'aime pas.

Il m'aimait bien, mais pas comme moi je l'aimais.

Je ne pensais qu'à lui, à chaque instant du jour ou de la nuit, la journée du matin au soir, avant de m'endormir, lui toujours lui, et sans doute l'ai je idéalisé.

Un jour nous avons discuté, il m'a fait la liste des filles qui avaient compté pour lui, et ce qui m'a fait très mal finalement, ce n'est pas tant que mon nom n'apparaisse pas sur la liste.

C'est d'avoir réalisé, cruellement et froidement, que tous les efforts que j'avais entrepris aux périodes qu'il me décrivait, et auxquelles j'ai cru qu'il était réceptif, n'avaient pas plus compté pour lui, qu'une simple marque de sympathie, une tape dans le dos, un salut de la main.

J'ai, de toutes mes forces, aimé à en perdre la raison, me suis adaptée, ai souffert de son absence, ai cru au ton de sa voix, aux mots qu'il utilisait pour me parler, à leur sens, j'ai écrit et réécrit l'histoire pour ne pas l'oublier.

Mais malgré mes efforts pour l'apprivoiser, il ne me voyait pas.

Et pourtant.

J'ai longtemps cru qu'il aurait pu être heureux avec moi.

Avec du recul j'ai compris, qu'il n'était pas l'idéal que je m'étais inventé.

Et j'ai réalisé qu'on peut tout essayer pour apprivoiser quelqu'un, le tout est d'être sûr qu'il accepte.

Depuis nous ne nous parlons plus.

Mon coeur a cessé de l'aimer aussi brutalement qu'il avait commencé.

Le coeur a ses raisons, que la raison, vous voyez ce que je veux dire.

S'il arrive que nos regards se croisent, ils ne vont pas beaucoup plus loin. Je ne cherche plus rien dans ses yeux, il ne trouve plus rien dans les miens.

Et si  le Petit Prince s'évertue à apprivoiser son renard, c'est que le renard est d'accord.

Parce qu'"on risque de pleurer un peu si on s'est laissé apprivoiser".....mais beaucoup si on n'a pas réussi à le faire.

On aime plus qu'on n'est aimé. C'est plus facile.

Et tous les jours du reste de la vie, on tourne d'autres pages.

Un jour, un souvenir passe et nous rappelle un visage, une voix, objets de notre adoration dans une autre vie.

On apprend.

Et si avant,  on ne cherchait qu'à apprivoiser, aujourd'hui, la sagesse aidant, sûrement, on n'attend que de l'être.

Je vous embrasse.


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