Chutttttt!!!!

Il vous est peut être déjà arrivé d'avoir l'impression de tomber en rêvant, et de le ressentir pendant votre rêve.

Moi ça m'arrive trés souvent, mais pas seulement en rêve...

Je suis une cascadeuse, une vraie chuteuse professionnelle, je trébuche, je me tords la cheville, je rate la marche, je fais des vols planés, je roule, je glisse, bref, je tombe.

Choir est un métier voyez vous, et je m'entraîne depuis petite.

1ère vraie chute mémorable, en tous cas sur ma peau, je suivais mon père à la trace, j'avais un an et quelques mois, pendant les travaux de la maison de mes parents.

Dans la salle de bains, pas encore finie, au sol il y avait des cailloux, et notamment une plaque en métal....sur laquelle j'ai trébuché, et voilà la jolie cicatrice....qu'on ne voit que si on est trés trés trés prés de mon visage.

2ème chute spectaculaire, 5 ans. Je cours, insouciante, vêtue de mon petit manteau rouge de poupée, avec une de mes copines, et bien entendu, je la regarde comme dans les dessins animés, évidemment regarder devant moi, m'aurait sans doute évité les 6 points de suture sur le front, causés par un de ces blocs en granit bien durs où on plante de jolies fleurs dans les villes....

Et ça ne s'est plus arrêté.

Chutes en vélo, genoux écorchés, en veux tu en voilà.

3ème chute mémorable: la double plaque d'égout au collège, j'étais en retard (non, pas comme d'habitude) à un cours de maths (la concierge m'a soupçonné d'avoir fait exprès de me tauler pour rater le cours, fine analyse).

Je presse donc le pas pour arriver plus vite.

Je ne vois pas la plaque d'égout un peu relevée, je bute sur le coin, me rétame évidemment, sur la seconde plaque d'égout quelques centimètres plus loin, et bien sûr, je pisse le sang, avale des cailloux, et m'écorche genoux, menton, nez et front.

Nickel.

Je passe sur l'épisode du match de basket en 6ème où, jouant dans une salle carrelée (non, à SLN y avait pas de parquet dans la salle de sport dans les années 90), avec les garçons dans notre équipe, un de mes camarades bourrins n'a pas apprécié que je récupère le ballon au rebond et m'a poussé sur le carrelage, lèvre coupée, oeil au beurre persillé, et bonne raclée du susnommé par son père à la demande du mien.

Bon.....

Continuons allègrement, sur les divers trébuchements, les chevilles tordues, mais bizarrement, jamais d'hospitalisation étant ado, rien d'autre que des égratignures.

Il faut reconnaître que je sais tomber.

Ah ça, c'est sûr, je sais faire. C'est simple, il faut se laisser tomber, tranquille, ne pas essayer de se retenir sinon on se ferait encore plus mal.

C'est pour ça que je ne cours jamais.

Parce que j'ai déjà couru pour répondre au téléphone et je me suis mangée le mur de l'étage chez mes parents, roulé boulé dans les escaliers, raté une voire plusieurs marches.

Alors on peut penser qu'il s'agit simplement d'un problème d'oreille interne.

Que nenni. C'est plus que ça.

Je ne me concentre pas sur la marche, je suis perdue loin loin loin dans mes pensées et du coup, je ne pense plus à mettre un pied devant l'autre et je me ramasse.

Un trou sur la chaussée, c'est pour moi, une marche qui ne tient pas bien, c'est pour moi, des pavés irréguliers, pareil.

Je tombe en marchant, sur sol lisse, en ballerines. 

Je pense au lieu de marcher.

C'est un truc d'intello ça peut faire sourire. Mais c'est pénible.

J'ai traversé la scène pendant des répétitions de danse, y avait une "trappe" mal fermée.

Je n'ai pas vu la moustiquaire sur le balcon de ma tante au 3ème étage et j'ai failli passer par dessus bord.

En me promenant tranquillement dans la rue, passionnée par l'histoire que me racontait mon cousin, j'ai oublié de marcher et je suis tombée, puis relevée, sans que personne ne s'aperçoive de rien.

J'ai glissé de tout mon long en robe dans le couloir de l'instruction, raté deux marches au sous sol pendant la plaidoirie d'un confrère dans un bruit assourdissant, raté des marches dans l'escalier du cabinet pendant mon stage, ou quand j'étais standardiste, pris mon pied dans ma robe en  me relevant alors que j'étais accroupie.

J'ai fait un vol plané dimanche matin dans le bus, juste en montant une marche parce que j'avais la tête ailleurs, me suis assise de tout mon poids sur ce que je croyais être une chaise, dimanche aprés midi, mais j'avais mal évalué la taille de la dite chaise et me suis réceptionnée sur les roulettes d'un portant en fer.

Et la plus belle de toutes, au Network, alors que je dansais tranquillement sur les marches que tout le monde connait, prés du DJ, avec ma Choupi, elle se sent tomber et m'entraîne gentiment dans sa chute et me retrouve les 4 fers à l'air, (en jean rassurez vous) sur le dos, sur les dites marches, avec ma cop's sur moi. 

En bonne copine j'ai amorti sa chute.

Pourtant, pas de chute au sport, à la danse, à la gym. Sauf une fois, au cours de Hip Hop, je me suis emmêlée les jambes et bim, ma guiffe par terre.

Bon.

Que faire?

D'abord, bien entendu, il faut se marrer.

Non, parce que sinon c'est dramatique, mes chutes sont plutôt drôles, le truc bizarre, c'est leur fréquence.

Une fois par mois en moyenne, mais je trébuche presque tous les jours.

Je suis étourdie que voulez vous, je marche mécaniquement et je pense à autre chose, en bossant dans le Vieux Lille, évidemment, j'ai arrêté les talons, (oui j'ai déjà porté des talons de 12 cm pour aller bosser, y a longtemps) et j'ai troqué les Cavalières contre les Stilletos.

Ça ne change rien.

Puisque je vous le dis, ça n'a rien à voir avec ma façon de marcher. C'est ma tête qui a une vie indépendante.

Je marche normalement. 

Mais je suis distraite, tête en l'air, dans les nuages, rêveuse, soucieuse, concentrée sur mes pensées.

Je ne suis pas comme ceux qui parlent à voix haute seuls dans la rue, je pense. Un peu trop.

Ma devise à moi ce n'est pas "je pense donc je suis" mais "je pense donc je tombe."

Je sais bien que je devrais faire attention, être plus attentive à ma marche, et ne penser à rien d'autre qu'à marcher.

Comme vous.

Mais je ne le fais pas exprès, et je m'accroche, dans le métro, aux rampes d'escalier, et à tout ce (et ceux) que je trouve près de moi quand je sens que c'est parti.

Dans le métro par exemple, dimanche soir (belle journée hein, un régal) la troisième chute a lieu lors d'un freinage un peu brusque.

J'étais accrochée à une des barres métalliques prévues à cet effet.

Ça ne m'a pas empêché d’attraper la dame devant moi, que je ne connaissais pas, pour l'entraîner dans ma chute sur les gens derrière moi.

Réflexe humain certes, mais trés bizarre.

Au ski, je n'ai pourtant aucun mal à monter la piste sur le tire fesses, ni à skier, en vélo, aucun souci aujourd'hui.

Mais à pieds. Po po po (si si, vous avez bien lu)

Alors, si on veut on peut se lancer dans l'expertise psycho analytique de cet état de fait.

Si je tombe c'est parce que je manque d'ancrage, que mes racines sont fragiles, que je manque d'équilibre dans ce monde etc etc.

Pourquoi pas.

Mais je ne crois vraiment pas. Je tombe quand je pense à des amis, à des sujets qui me préoccupent, à des situations pénibles, à des problèmes, quand je suis triste, quand je suis gaie, quand je suis amoureuse, quand je suis en colère, quand je suis cool.

Franchement, y a pas de saison, ni d'état particulier, je tombe c'est tout.

C'est spectaculaire pour les amis, et les gens dans la rue.

Mais c'est souvent plus de peur que de mal, et j'ai quelques exemples encore en tête qui me font sourire rien que d'y repenser. (Julie, si tu me lis)

Des fois, je ne le vois pas venir, par exemple, au Marché de Wazemmes, le trou sur le trottoir, je ne l'avais vraiment pas anticipé (N'est ce pas Sophie).

Bon, ça fait super mal, c'est le seul inconvénient, toujours le même genou, et la même main. 

Ça fait mal.

Alors dimanche, j'ai voulu varier, j'ai changé de main ( et me suis foulé l'annulaire) et j'ai changé de sens, suis tombée sur la fesse au lieu du genou.

Et alors, c'est pas fun ça?

Un peu de changement ça ne fait de mal à personne (enfin sauf à moi quand même, j'ai un bleu de la taille de l'Australie)

Mais à force de me cogner sur la vie comme ça tout le temps, elle va bien finir par se remettre en ordre vous ne croyez pas?

Je vais finir par en avoir marre et ranger un peu tout ce foutoir pour finalement ne plus me cogner aux portes, aux montants de portes, aux poignées de porte.

Tout remonte à l'enfance.

Je devais adorer rêver. 

Et comme je n'ai plus trop le temps, pour ne rien rater, je le fais les yeux ouverts.:)

En même temps, je multiplie les chances d'être secourue par un Chevalier Blanc, l'air de rien, ce défaut congénital (appelons un chat un chat, j'ai ça dans le sang) pourrait bien m'apporter le dit Chevalier-dont-le-GPS- ne -marche -pas- depuis -au -moins- un -siècle, sur un brancard.

Non, parce que quitte à tomber, je veux bien tomber en amour, je ne dis pas que ça fait moins mal, je dis juste que je me suis entraînée à avoir des bleus

Wait and fall.:)

En musique évidemment:)

Commentaires

Puck a dit…
Mais tu choies toujours avec beaucoup de grâce ô ma Laura.
C'est plus élégant que moi qui suis toujours la tête dans la lune et qui me cogne la cafetière un peu partout. Ce qui n'arrange bien entendu pas mon cas déjà chargé XD

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